collectif_fact
CITYmulation

26.03 — 16.05.2010

Une importante partie du travail du groupe d’artistes genevois collectif_fact (Annelore Schneider & Claude Piguet) porte sur des questions ayant trait à l’urbanisme, comme par exemple la série DATATOWN qui a fondé leur renommée et que le CPG avait montré en 2002 dans le cadre de l’exposition collective QUOI DE 9/11 PHOTOGRAPHES DE LA RÉGION LÉMANIQUE. Cet intérêt reste d’actualité pour la nouvelle configuration du collectif, constitué désormais par Annelore Schneider et Claude Piguet.

Vernissage: 25.03.2010

Annelore Schneider & Claude Piguet


Ainsi l’exposition individuelle CITYmulation proposée par le CPG part d’observations contemporaines liées à la ville. Mais cette fois-ci, le cadre genevois est élargi et les artistes apportent aussi des travaux réalisés à Los Angeles, plus spécifiquement à Hollywood, et à Chongqing durant une résidence en Chine.

CITYmulation interroge l’avenir de nos villes. « Que sont devenus nos espaces publics ? Comment les différences locales s’affirment-elles face à la globalisation? Jusqu’où iront les limites de la ville ? Comment la ville est-elle redéfinie par le virtuel ? La ville est-elle plus qu’une façade, une simulation, une forme de « global entertainment » ? » se demandent les artistes. Et ils affirment : « L’exposition «CITYmulation» reflète non seulement la ville comme décor, mais aussi cette dissolution du territoire. »

Une première série de photographies au petit format représente des bâches publicitaires ornant les rues de Chongqing et incitant à la possession d’immobilier. À son tour, collectif_fact présente dans l’exposition une grande bâche, jouant de l’effet façade dans une planification urbaine qui ne connaît que la table rase. Pour la première fois, les artistes montrent aussi un travail photographique plus conventionnel, ayant ses racines historiques dans la street photography, mais soulignant également la déréalisation galopante des futurs « maîtres du monde ».

Si les Etats-Unis d’Amérique sont le vieux monde de la Chine, ils restent jusqu’à nouvel ordre toujours les maîtres de la déréalisation, dont le noyau dur idéologique est le chaudron de toutes les fictions pulp : Hollywood. Dans leur quête du faux et du pas vrai, les artistes genevois ont fait halte dans les studios d’une « major company ». « Studio Warner Brothers » (2010) est une série de rues, de bouches de métro et autres édifices utilitaires ou représentatifs dans « Universal City », autrement dit, dans une ville de coulisses et qui, sous sa forme fin XIXe-début XXe, existe aujourd’hui plus dans la nostalgie d’une future ancienne grande nation que dans le réel. Ce détour par Hollywood était bien nécessaire, vu le nombre croissant de constructions contemporaines de villas qui renvoient à des châteaux français – allongées en ligne et se ressemblant comme deux gouttes d’eau en Chine contemporaine – ou renvoyant sans hésitation à des villas – un peu miniaturisées – de Dallas et autres séries télévisées sur le haut jurassien du canton de Vaud, surplombant le Lac Léman.

Le troisième volet que propose collectif_fact, DOWNtown (2008), est composé de sept vues du centre-ville de Genève où ne subsiste que le dernier étage des immeubles. Les bâtiments sont réduits avec les moyens de Photoshop à un étage unique. En amalgamant la photographie du dernier étage du bâtiment à celle de référence du rez-de-chaussée, les artistes proposent une réflexion critique de nos centres-villes en rapport à leur périphérie par le truchement du photomontage.

La grande majorité des villes européennes avec un centre datant souvent du Moyen Age, est construite avec des architectures spécifiques, liées à leurs différentes zones. Ainsi les centres-villes s’organisent verticalement, empreints généralement d’une architecture historique, tandis que les zones périphériques sont construites horizontalement, de manière fonctionnelle. Les centres-villes, aujourd’hui, nous apparaissent comme un regroupement condensé sur plusieurs étages de résidences, d’activités commerciales et administratives. Tous ces bâtiments sont multifonctionnels. En comparaison, chaque bâtiment des zones périphériques est dédié à une fonction unique (un bloc, une marque, une fonction) et une grande partie de l’espace de ces zones est prévue pour la circulation des véhicules. En appliquant ce modèle à un centre-ville, on transforme son statut et on questionne son rapport à l’humain. En effet, nos zones périphériques ne sont généralement pas prévues pour les piétons. Elles sont en quelque sorte un archétype de l’urbanisme américain pensé uniquement pour la voiture.

Ce travail trouve encore une autre résonance dans le contexte genevois. La pénurie d’habitations dans la ville de Genève, qui ne cesse de s’amplifier et pour laquelle les différents gouvernements n’ont pas trouvé de remède, avait amené certains politiciens à la proposition d’augmenter le nombre d’étages et de rehausser les immeubles. Une idée qui reste toujours d’actualité et qui concerne aussi l’agrandissement du BAC.


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Fiche d'artisteArtist file

Annelore Schneider & Claude Piguet * 1970 à Neuchâtel, vit à Genève et Londres

Les projets du collectif_fact,fondée en 2002, composé d’Annelore Schneider (*1979) et Claude Piguet (*1977) opèrent une déconstruction des codes de la culture visuelle.

“Leurs projets, essentiellement vidéo, sont souvent une déconstruction de ce que l’on considère comme des codes cinématographiques de notre culture visuelle. Ils s’intéressent particulièrement aux répétitions du quotidien, aux stéréotypes et aux clichés qui imprègnent notre culture populaire [...]

Les projets du collectif_fact,fondée en 2002, composé d’Annelore Schneider (*1979) et Claude Piguet (*1977) opèrent une déconstruction des codes de la culture visuelle.

“Leurs projets, essentiellement vidéo, sont souvent une déconstruction de ce que l’on considère comme des codes cinématographiques de notre culture visuelle. Ils s’intéressent particulièrement aux répétitions du quotidien, aux stéréotypes et aux clichés qui imprègnent notre culture populaire et travaillent principalement sur les aspects du (anti)spectacle, des simulacres et de l’appropriation. Pour ce faire, ils dissèquent les différentes façons dont on peut s’approprier, perturber et rééditer un récit, afin d’en construire des narrations différentes et des significations alternatives. Leurs vidéos utilisent fréquemment la capacité du spectateur à s’inventer des histoires à partir de divers fragments. En effet, leurs vidéos mélangent un ensemble complexe de références : des morceaux de dialogues de films, des citations et des extraits de musique. On y découvre un collage d’images familières, reconnaissables, avec une multitude d’allusions aux films classiques du cinéma. Ils jouent avec notre désir d’être entrainés et trompés par ces images et ces histoires.”


Vue d'exposition

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